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Le Collectif des Sportives, pour un haut niveau accessible à toutes

Écrit par : Leslie Mucret

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Le Collectif des Sportives a été créé sur deux piliers : le sport de haut niveau et la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. L’équipe de l’association fondée par Allan Fenoglio travaille avec des sportives pour lever les obstacles à leur épanouissement total au haut niveau. Différentes actions ont déjà été mises en place et d’autres débuteront après la rentrée. Rencontre avec Allan Fenoglio.

Vous avez fondé le Collectif des Sportives. Quels en sont les objectifs ?

Le Collectif des Sportives est une association cocréée avec des sportives qui a pour but d’améliorer le droit et la condition des sportives de haut niveau. Nous voulons fédérer autour du sport féminin, montrer qu’il faut que nous allions tous dans le même sens pour le structurer et rattraper le retard sur le sport masculin. Nous luttons pour l’égalité en faisant face aux problématiques liées à leur place et à leur émancipation. Le développement de la pratique du haut niveau par les femmes passe par trois facteurs : la médiatisation, son accès dès le plus jeune âge et la structuration de l’économie interne des clubs avec la création de sections dédiées.


Concrètement, comment agissez-vous ?

Nous traitons six problématiques validées par les sportives : juridique, reconversion et double projet, gestion de l’image, amélioration de la performance physique et mentale, maternité et sponsoring. À partir de septembre, nous allons proposer tous les mois aux sportives adhérentes des ateliers collectifs avec des experts sur différentes thématiques : la nutrition, la préparation mentale, le droit du sport, la bonne utilisation de LinkedIn, entre autres. Par ailleurs, nous pourrons également fournir un accompagnement individuel et personnalisé. Nous avons déjà mené des café-débats intimistes à Dijon, Toulouse et Paris. Le prochain aura lieu à Font Romeu. Nous comptons continuer notre tour de France et en faire à Lille, Lyon, Bordeaux et Montpellier.



« Que seule la performance compte »


Quelles sont les sujets qui reviennent le plus souvent dans ces café-débats ?

La maternité a été très souvent abordée. C’est un sujet encore tabou. Quand une sportive arrête sa carrière pour avoir un enfant, elle est lâchée par ses sponsors. Le Collectif cherche des solutions avec la CPAM et la CAF pour que les sportives puissent cotiser et toucher une indemnité pendant leur grossesse. C’est l’un des messages que nous voulons faire passer avec l’association, la performance sportive est indissociable de l’épanouissement personnel.


Quelles sont les autres grandes thématiques sur lesquelles vous comptez travailler ?

L’amélioration de la performance au niveau physique et sportif fait partie des services que nous voulons mettre en place dès septembre prochain. Cela se fera en complément, et non en concurrence, des clubs, pour ceux qui ne sont pas assez structurés pour avoir un préparateur mental, par exemple. Grâce à notre community manager spécialisé dans le sport, nous pourrons aussi aider les sportives à gérer leur image, notamment sur les réseaux sociaux. Il y a des filles qui se dénudent pour trouver des sponsors, c’est malheureux d’en arriver là. Encore actuellement, pour qu’une sportive trouve des sponsors, il faut qu’elle ait des résultats et qu’elle soit jolie. Nous voulons que seule la performance compte, comme pour les hommes.


Comment vous est venue l’envie de créer le Collectif des Sportives ?

J’ai toujours voulu accompagner l’humain derrière le sportif et ce projet de vie a évolué. J’étais étudiant à la faculté des sciences du sport de Dijon pour devenir préparateur mental et j’ai suivi tous mes stages dans le sport féminin : j’ai été responsable de la section de football féminin à l’université de Bourgogne, puis entraîneur et préparateur mental à Mâcon ainsi qu’au Toulouse FC. Pour mon diplôme universitaire, j’ai écrit un mémoire sur la thématique du triple projet (sportif, professionnel, familial) et j’ai trouvé intéressant de le lier à mon projet professionnel.



« Maintenant, il faut du concret »


De quelle manière est structuré ce collectif ?

Le collectif est né en novembre 2018, nous sommes une jeune structure qui a très vite évolué. Pour l’heure, une dizaine de personnes sont impliquées. Nous nous articulons autour de différents pôles communication, événementiel ou encore économie du sport qui vient d’être créé. Des sportives, anciennes comme actuelles, nous aident (voir encadré). Bientôt, nous allons emménager dans nos bureaux, dans les locaux de BNP Paribas - Toulouse Capitole, notre partenaire. Nous avons rencontré les présidents des clubs de haut niveau de Toulouse, qui ont presque tous des sections féminines. Les retours sont positifs, mais maintenant il faut du concret. C’est bien de dire qu’on apprécie ce que nous faisons, mais nous voulons surtout des actes. Nous pouvons compter sur des institutions publiques : le CROS Occitanie, le CDOS 31, la Région Occitanie et la Ville de Toulouse qui souhaitent nous accompagner dans notre lancement, mais notre but à terme est de devenir autonome.


La soirée de lancement, prévue le lundi 17 juin, est-elle un moyen de faire parler du collectif ?

Nous allons rassembler les clubs de haut niveau de Toulouse, ainsi que des élus de la région au Petit palais des sports où joue le Toulouse Métropole Basket. Nous comptons démontrer l’intérêt du sport féminin à Décathlon, BNP Paribas et d’autres délégations de grands groupes qui seront également présentes. L’objectif de cette soirée est de lancer un club d’affaires afin de créer une véritable économie du sport féminin. La pratique des femmes a le vent en poupe, mais rien n’est fait pour la structurer. Oui, davantage de filles se lancent, mais peu évoluent au niveau professionnel. Il faut mettre les moyens, développer une économie en amenant de grands groupes à investir. C’est un modèle que nous appliquerons à Toulouse, avant de le dupliquer au niveau de la région, puis au niveau national. Cette rencontre au Petit palais des sports le 17 juin ne sera pas une soirée d’affaires classique, nous allons montrer le dynamisme du sport féminin. Le troisième match de poule de l’équipe de France à la Coupe du monde de football féminine contre le Nigeria sera diffusé lors de cette soirée.


La basketteuse Lucie Carlier (à gauche) et la grimpeuse Maïlys Piazza font partie du Collectif


« Profiter de cette tendance »


L’organisation de la Coupe du monde en France est donc un bon moyen d’amplifier votre message ?

Le timing est parfait pour nous. De gros efforts ont été faits par la Fédération française de football et par TF1 en termes de communication. La sélection de Corinne Diacre a été annoncée au 20h, comme pour l’équipe de France masculine. Nike a fait une présentation des maillots, ce qui n’a jamais été fait avant non plus. Les représentations de sportives à la télévision sont importantes pour que les femmes se libèrent de cette autocensure et des freins qui les empêchent de pratiquer le sport qu’elles veulent. Il faut profiter de cette tendance et de cette opportunité pour structurer la pratique féminine à haut niveau dès maintenant.



Des sportives engagées


Vous avez lancé une campagne de crowdfunding en partenariat avec BNP Paribas France, sur le site Ulule. Que comptez-vous faire avec l’argent récolté ?

Nous avons beaucoup de projets à mettre en place, dont les ateliers thématiques, et nous voulons être opérationnels dès septembre. L’objectif est de 6 000 € pour lancer la dynamique. Mais, à travers cette campagne de crowdfunding, notre principal but est de toucher le grand public, faire connaître notre association au niveau national, ainsi que le sport féminin et ses possibilités. Nous avons ajouté une vidéo d’une quinzaine de sportives toulousaines, de toutes les disciplines, qui nous soutiennent et qui mettent en avant les problèmes rencontrés dans le sport féminin.


La cagnotte en ligne est accessible sur https://fr.ulule.com/collectif-des-sportives/