Au féminin

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Le haut niveau finistérien « Support’Her » du sport féminin

Écrit par : Leslie Mucret

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Le Brest Bretagne Handball, le Quimper Volley 29 et le Landerneau Bretagne Basket s’allient afin d’améliorer la visibilité du sport féminin et ainsi contribuer à son développement. Voir de plus en plus de sport féminin dans les media, c’est l’objectif du mouvement Support’Her, une initiative portée par ces clubs de haut niveau dans le Finistère.

Le sport féminin de haut niveau fait de plus en plus parler de lui, mais il n’est pas assez représenté dans les media. Le Brest Bretagne Handball, le Quimper Volley 29 et le Landerneau Bretagne Basket comptent bien amener la lumière des projecteurs sur les sportives. Ces trois clubs finistériens qui évoluent dans l’élite, une particularité en France, ont initié le mouvement Support’Her. Lancé le 24 janvier, journée internationale du sport féminin, le mouvement vise la parité dans le traitement médiatique et de la pratique dans le sport. Gérard Le Saint, président du Brest Bretagne Handball depuis 2004, est à l’origine de Support’Her. « L'idée est venue d'un constat simple : depuis plusieurs années, la question de la représentation du sport féminin se pose, que ce soit dans les conditions de la pratique, la représentation dans les media, dans les instances sportives ou encore leur poids dans l’économie », explique celui qui est aussi responsable de la Commission marketing de la ligue féminine de handball. « Dans le Finistère, nous avons des clubs féminins qui évoluent dans l’élite nationale et qui manquent cruellement de visibilité. La preuve, le BBH doit payer cette saison près de 150 000 € pour la diffusion de ses matchs à la télé, la présence dans la presse, sur les radios et les réseaux sociaux. Ça ne se passe pas comme cela pour les hommes, ils reçoivent des droits de diffusion TV ! »



« Soyons extraordinaires ensemble »


Gérard Le Saint a convaincu le Quimper Volley 29 et le Landerneau Bretagne Basket d’œuvrer ensemble pour changer cet état de fait. « C’est à mon avis le seul moyen de pouvoir communiquer à grande échelle sur le sport féminin, en regroupant les clubs de haut niveau qui bénéficient déjà d’une certaine exposition pour faire entendre la voix des sportives », analyse Dominique Duvivier, coach du QV 29 depuis deux saisons, après avoir été entraîneur-adjoint pendant huit ans au VB Nantes. Le mouvement peut compter sur les trois capitaines, Allison Pineau (BBH), Grace Carter (QV 29) et Marie Butard (LBB) pour amplifier sa voix. « Support’Her va permettre de mettre en avant les valeurs véhiculées par le sport féminin, à savoir la persévérance et la solidarité », estime Marie Butard. « Soyons extraordinaires ensemble plutôt qu’ordinaires séparément. Par ses actions, le mouvement Support’Her pourra aider à diffuser au mieux les compétitions de chacun par le biais des réseaux sociaux, sur des chaînes TV en soutenant financièrement les clubs dans leurs charges liées aux retransmissions. »



« Le public veut voir du sport féminin »


Les trois clubs sont d’accord : le sport féminin mérite d’être plus vu. « En apportant plus de représentativité dans les media, cela pourrait faire augmenter le nombre de pratiquantes, susciter des passions et ainsi présenter un intérêt pour les diffuseurs », complète Marie Butard. Les progrès observés ces dernières années ne sont donc pas suffisants. « Le sport féminin pourrait être beaucoup mieux représenté, c’est une certitude », insiste le président du BBH. « On parle beaucoup de parité hommes/femmes, mais il n’y a pas d’actions concrètes sur le long terme, simplement un coup de projecteur ponctuel. En décembre dernier, l’équipe de France de handball a décroché son premier sacre européen à Paris devant plus de 14 000 spectateurs et 5,4 millions de téléspectateurs. Les performances sont là et les audiences sont la preuve que le public veut voir du sport féminin. Les tendances sont encourageantes mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire grandir le sport féminin et atteindre l’égalité avec les hommes. » « Malgré d’excellents résultats en équipe nationale, mais aussi en club, le sport féminin est encore sous-représenté dans les media, en termes de pratiquantes, mais aussi de salaire pour les sportives professionnelles », regrette la capitaine du LBB. « La tendance actuelle est de réduire ces inégalités, mais ça se fera par petites étapes. Par exemple, la Ligue féminine de basket permet une diffusion de chaque match du championnat en live sur sa plateforme depuis quelques années. L’initiative est à souligner, mais demande des moyens financiers. Ainsi, la mise en place d’accords sectoriels spécifiques au basket professionnel féminin a commencé cette année. » « Il faut déjà sensibiliser les jeunes à pratiquer et regarder le sport féminin pour avoir un retour dans les années à venir », ajoute pour sa part Dominique Duvivier. « Il faut également faire en sorte que les matchs deviennent un vrai spectacle pour les rendre plus médiatiques et attrayants. On peut aussi imaginer qu’une meilleure représentation des femmes au niveau des instances internationales aurait des répercussions sur le développement du sport féminin. »



Dépasser le territoire breton


Une première action à l’échelle locale a débuté le jour du lancement de Support’Her. 5 000 billets de tombola ont été mis en vente lors des matchs des clubs associés à domicile pendant près de deux mois. Les vainqueurs ont été annoncés le 30 mars lors du match BBH - Toulon Saint-Cyr. L’argent récolté sera utilisé pour la formation de jeunes pratiquantes dans ces clubs. Le mouvement planche désormais sur de nouveaux projets afin de rayonner au-delà de la Bretagne. « Nous avons lancé une page Facebook, nous réfléchissons à organiser une table ronde sur la médiatisation du sport féminin, faire connaître notre mouvement dans les media, mettre en place des rencontres entre les joueuses et d’autres disciplines sportives, fédérer des ambassadeurs », énumère Gérard Le Saint. « Nous espérons créer des synergies. Si le mouvement a été lancé localement, Support’Her souhaite rapidement dépasser le territoire breton. » « Nous voulons mettre à profit cette visibilité pour mener des actions communes avec les différents clubs », ajoute Dominique Duvivier. « Il faut sensibiliser et augmenter notre visibilité auprès du grand public. Cela peut aussi passer par des évènements communs en début de saison prochaine. » En tant que joueuse, Marie Butard peut « agir en étant disponible pour des interventions mises en place par le mouvement Support’Her ».



Insister sur la formation des jeunes joueuses


La capitaine du Landerneau Bretagne Basket est arrivée dans son sport à 11 ans dans le Loir-et-Cher, avant d’intégrer le centre de formation de Bourges. Elle évolue dans le Finistère depuis 2010. « J’ai eu la chance d’être épaulée par les bonnes personnes. J’aurais pu atteindre différemment le plus haut niveau, mais les choix effectués m’ont enrichie personnellement et professionnellement. » Cependant, toutes les filles n’ont pas les moyens de franchir tous les obstacles qui leur barrent la route vers le haut niveau. « Au BBH, nous insistons sur la formation de jeunes joueuses dans de bonnes conditions de pratique », affirme Gérard Le Saint. Car la visibilité du sport féminin passe par l’épanouissement de tous les potentiels. « Avec Support’Her, nous espérons faire bouger les choses », est convaincu le président du BBH.



Le sport féminin en quelques chiffres


Sport au féminin, une trajectoire ascendante


« Le sport féminin a beaucoup progressé, en termes de licenciées, en niveau de pratique, les compétitions sont intéressantes, la France est devenue une terre d’accueil de grandes manifestations féminines et donc, permet la médiatisation et le développement de la pratique féminine », constate Dominique Duvivier. Du côté du basket, « les résultats en compétitions internationales ont contribué à rendre notre discipline attractive avec des joueuses emblématiques comme Céline Dumerc qui a permis de mettre la lumière sur notre sport », analyse Marie Butard. « C’est parce que notre discipline a pu être diffusée et relayée via différents supports que la jeune génération a pu s’en inspirer et contribuer à augmenter le nombre de pratiquantes. » Il ne manque plus que les caméras et les micros pour exposer ces progrès au plus grand nombre.