Votre découverte du cyclisme sur piste est plutôt atypique…
J’ai commencé par jouer au basket-ball et j’étais au Pôle espoir d’Aix-en-Provence. Un jour, quand j’avais 14 ans, j’ai passé des tests sur wattbike (vélo indoor). Le préparateur physique du Pôle France de BMX était présent et a été impressionné par mes scores. L’information est arrivée jusqu’au Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines et la Fédération française de cyclisme m’a proposé de venir faire des essais. J’ai confirmé tous les résultats que j’avais faits. La fédération m’a demandé d’intégrer le Pôle espoir de cyclisme en Île-de-France. C’est alors que j’ai décidé de rester dans le cyclisme. Le basket-ball m’a un peu manqué au début, mais j’ai vite passé un cap.
Vous avez gagné de nombreux titres en catégories juniors. Quelles différences avez-vous ressenties au moment de passer en senior ?
L’écart est énorme ! Le niveau senior est très au-dessus ! J’ai franchi un palier lors des Championnats d’Europe à Glasgow en août dernier en gagnant la médaille d’or sur l’épreuve de keirin et le bronze de la vitesse individuelle. En revanche, j’ai fait une Coupe du monde mitigée sur le plan individuel. Il me reste beaucoup de caps à passer. Il est possible d’obtenir une médaille sur une compétition, mais il me faudra être plus régulière pour m’imposer définitivement à ce niveau. Il va falloir que je confirme cette saison.
« Marquer mon territoire »
L’année 2019 a plutôt bien commencé ?
J’ai obtenu le bronze de la vitesse individuelle lors du mondial à Pruszków (Pologne) en mars dernier. C’est ma première médaille à ce niveau après trois mondiaux, le premier à Hong-Kong où j’avais été surclassée et le second à Apeldoorn (Pays-Bas), durant lequel j’étais blessée à l’épaule. Je ne m’attendais pas du tout à gagner cette médaille ! D’autant plus que je sortais d’une frustration après l’épreuve de keirin où j’ai fait une erreur en finale qui m’a coûté cher. J’ai trouvé la bonne solution pour me remobiliser pour la vitesse individuelle. Maintenant, j’ai encore plus d’un mois de préparation avant les Jeux européens (du 21 au 30 juin à Minsk en Biélorussie, NDLR). Après, il y aura les Championnats d’Europe en octobre à Apeldoorn où je vais tenter de conserver mon titre en keirin et de m’imposer en vitesse individuelle. Il faudra aussi que je sois régulière en Coupe du monde, que j’aille chercher un podium en vitesse et des finales en keirin pour montrer que je suis bien là.
Vous projetez-vous déjà vers les Jeux olympiques de Tokyo en 2020 ?
On y pense un peu. Les Jeux olympiques de 2020 ne sont pas une finalité, même s’ils entrent dans le programme d’entraînement. Depuis 2018, les pistards marquent des points lors des différentes épreuves pour obtenir leur qualification. On parle des JO entre nous, mais on arrive à rester concentrer sur notre saison actuelle. Je n’ai pas envie de me rater en 2019. Si je fais une bonne saison, ça me mettra en confiance et je marquerai mon territoire.
Les JO : « Un gros challenge »
Les Jeux olympiques sont quand même un objectif dans votre carrière ?
C’est mon rêve d’être championne olympique ! Je serai très contente d’y aller et pas pour y faire de la figuration. Il faudra que je reste concentrée comme lors des Championnats du monde. La pression médiatique est énorme lors des Jeux olympiques. Ça sera un gros challenge pour les athlètes comme moi d’arriver à rester dans notre routine.
En cyclisme sur piste, les compétitions internationales féminines et masculines se déroulent en même temps. Est-ce un plus pour votre discipline ?
Je pense que c’est important que les hommes et les femmes concourent en même temps et que toutes les épreuves soient retransmises. Cela démontre que la parité existe dans ce sport. Être tous ensemble, mélangés, nous permet aussi de créer un vrai esprit d’équipe. On se soutient tous ! Aux Championnats du monde, j’ai gagné ma médaille le jour du titre de Quentin Lafargue et de la troisième place de Michaël D’Almeida sur l’épreuve du kilomètre. On a tous fêté ça après. Voir les hommes et les femmes célébrer leur réussite ensemble renvoie une belle image qui peut donner envie aux filles de pratiquer le cyclisme.
« On verra une progression »
Faut-il attirer plus de femmes vers ce sport ?
Le cyclisme est encore dans la case « sport masculin », en particulier pour les épreuves de sprint. Nous ne sommes que deux filles en équipe de France dans cette catégorie avec Sandie Clair, c’est dommage. Aux Championnats de France, il y a peu de participantes. C’est un problème pour le moment, mais il y a des jeunes filles qui commencent à arriver. Le cyclisme est un sport masculin, mais ça change au fur et à mesure. J’espère que les Jeux olympiques de Paris en 2024 vont créer une émulation.
Une carrière construite avec POINT.P
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