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Bordeaux Métropole : du sport sur ordonnance à un tarif solidaire

Écrit par : Laurence Théry

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Cinq structures sportives de l’agglomération bordelaise se sont réunies pour proposer, ensemble, un « tarif solidaire » aux personnes bénéficiant du dispositif « Sport sur Ordonnance ». Pour que le prix des abonnements ne soit plus un frein à la pratique sportive pour les patients souffrant d’une pathologie chronique.

Les bienfaits du sport pour la santé ne font plus aucun doute. La pratique régulière d’une activité physique prévient certains cancers, réduit le risque de maladie cardio-vasculaire, améliore le sommeil et combat l’anxiété… Le sport est même reconnu comme une thérapeutique à part entière, à inclure au traitement de maladies chroniques. Et que le médecin peut prescrire. L’idée n’est pas nouvelle : en 2011, la Haute Autorité de santé élaborait déjà des recommandations en faveur de la prescription non-médicamenteuse. Puis en 2016 une loi a permis aux médecins traitants de recommander une activité physique régulière à leurs patients souffrant de maladies chroniques - diabète, hypertension artérielle, obésité… Et malgré l’apparition du « Sport sur Ordonnance », peu de patients aujourd’hui pratiquent un sport prescrit par leur médecin. D’abord, parce qu’il faut réussir à changer les mentalités : les Français sont nombreux à considérer que lorsque l’on est malade, il faut se reposer. Il faut donc sensibiliser les patients, expliquer les bienfaits du sport.



Se regrouper pour offrir le meilleur tarif


Mais pour les patients, le prix de l’inscription à un club peut aussi être un frein à la pratique sportive. Car si le sport peut être prescrit par le médecin traitant, la sécurité sociale ne rembourse pas les séances sportives. Seules certaines mutuelles santé les prennent en charge, entièrement ou en partie. Résultat ? Pour 82 % des Français, ce non-remboursement serait un frein à l’inscription à un club 1. Pour lever cet obstacle financier, cinq associations sportives de la Bordeaux Métropole ont pris les choses en main. En se réunissant pour avoir plus de poids, elles ont obtenu le soutien de l’Agence Régionale de Santé (ARS), du Centre National pour le Développement du Sport (CNDS), de la Conférences des Financeurs et des Mutuelles… Elles ont négocié une prise en charge financière des séances de sport, qui leur permet de proposer un « tarif solidaire » de 100 €/an, soit 10€/mois, pour 2 activités au choix par semaine. Un tarif mis en place depuis la rentrée 2018, à l’attention des personnes pour lesquelles le sport a été prescrit par un médecin.



Des centaines de bénéficiaires


Les associations sportives concernées sont le club Athlé Santé Gradignan, l’US Talence Athlétisme, le SAG Cestas Athlétisme, le CA Villenave d’Ornon et le Stade Bordelais. Certaines proposaient déjà les années précédentes un tarif spécifique pour le « Sport sur Ordonnance », mais n’avaient pas vu leurs subventions renouvelées en 2018. Grâce à leur initiative commune, les 5 associations peuvent donc accueillir non seulement les personnes inscrites les années précédentes (plus de 200 personnes au total), mais aussi de nouveaux adhérents… Ces « patients sportifs » accèdent à un vaste choix d’activités : la marche nordique, la remise en forme, la gym douce, la musculation santé, l’aquagym, la marche active et le taïso. Ils peuvent pratiquer, dans le cadre de leur abonnement à tarif solidaire, deux activités au choix par semaine. Des séances leur sont spécifiquement réservées (mais elles peuvent aussi si elles le souhaitent rejoindre un entraînement « classique »), animées par des éducateurs sportifs formés à la prise en charge de différentes pathologies.



Une initiative destinée à se développer


Cette initiative sera reconduite l’année prochaine, et même étendue grâce à l’arrivée de nouvelles associations. Cela permettra d’accroître l’accessibilité des séances, en multipliant les lieux où pratiquer un sport au « tarif solidaire », mais aussi les sports proposés. Le « Sport sur Ordonnance » semble avoir en Gironde un bel avenir !


1Étude « mieux prescrire l’activité physique sur ordonnance », sous le contrôle du COPIL by IRBMS, présidé́ par le professeur Jean-Paul Francke, Thèse soutenue par Benjamin Rucar à Lille le Jeudi 27 Septembre 2018