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Des camions en direction du sport pour tous

Écrit par : Leslie Mucret

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Le CDOS du Doubs veut permettre à tous de pratiquer une activité physique pour améliorer son bien-être, accompagné par un éducateur diplômé. Pour y parvenir, il a décidé de se déplacer vers les publics éloignés. La structure croit en cette démarche et a mis des moyens financiers pour acquérir deux camions.

Les Français ne vont pas vers le sport ? Alors le sport viendra à eux ! Cette réflexion a été mûrie au Comité départemental olympique et sportif du Doubs, puis s’est matérialisée à l’automne dernier sous forme de Camion Sport Santé. Des membres du comité prennent la route et vont mener des activités directement auprès des personnes qui n’ont pas accès au sport à cause d’un manque d’équipements et/ou de temps et d’une faible présence d’éducateurs. « On s’est demandé comment aider nos clubs à recruter de nouveaux licenciés et comment améliorer notre proximité pour renforcer la pratique du sport pour les publics éloignés », explique Dominique Mulet, président du CDOS du Doubs. « Nous avons conclu qu’il fallait aller à leur rencontre, les inciter à faire des activités physiques. » Le comité a donc investi dans deux camions pour aller faire des animations directement dans les communes ou dans les entreprises, dans un département de plus de 5 200 km².



« On arrive toujours à faire du sport quelque part »


Au moment d’élaborer ce projet, les membres du CDOS 25 ont regardé ce qui se fait dans d’autres domaines. « On ne construit pas de restaurants dans des villages de 200 habitants, mais on fait venir des food-trucks », souligne Dominique Mulet. Le concept a ainsi été emprunté et réajusté à la sauce sport. « On s’est aussi aperçu qu’on n’avait pas besoin de salles normalisées pour faire des activités physiques. Il est possible de trouver un hall ou un préau là où l’on va. On peut aller partout avec peu de moyens et on arrive toujours à faire du sport quelque part. » Le CDOS a donc acheté deux camions, l’un pour transporter le matériel et l’autre pour les éducateurs. « Nous avons reçu des aides de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations et de la Région Bourgogne-Franche-Comté de plus de 35 000 € », révèle le président du comité. En ce qui concerne le matériel, chasubles ou encore ballons, « nous les avons acquis avec nos fonds propres. » Le CDOS a également recruté deux nouveaux éducateurs diplômés pour développer cette démarche. L’entité n’a pas rechigné à mettre les moyens pour réussir ce dispositif. « Quand on veut réussir un concept novateur, on ne doit pas laisser de place au doute », insiste Dominique Mulet. Par ailleurs, ces véhicules sont aussi utilisés lors des salons ou des forums afin de faire la promotion des clubs sportifs du département.



« D’une nation de sport à une nation de sportifs »


« La réflexion nous est venue il y a un deux ans lorsque la France a obtenu l’organisation des Jeux olympiques en 2024 », raconte le président du CDOS. « Les objectifs fixés sont 80 médailles et trois millions de pratiquants. Nous ne pouvons pas travailler sur l’obtention des médailles, mais nous pouvons contribuer à l’augmentation du nombre de pratiquants et ainsi passer d’une nation de sport à une nation de sportifs. » Dans sa démarche, le CDOS 25 a ciblé trois types de publics : les plus jeunes car « moins de 15 % des enfants issus de quartiers prioritaires pratiquent », les habitants en milieu rural « qui ne disposent pas d’équipements » et les entreprises « qui n’ont pas le temps. » Depuis l’automne dernier, les éducateurs du CDOS mènent une dizaine d’interventions par semaine, sillonnant les routes doubistes entre une vingtaine de communes. Un des camions amènent les participants sur le lieu de l’action. « On se rend compte que le premier frein à l’activité ce n’est pas l’argent, mais le manque de mobilité », complète Dominique Mulet. Et pour contrer le manque de temps, les membres du comité sont régulièrement présents dans les entreprises, comme le centre de ressources de PSA, au contact des salariés sur leur temps de pause. Enfin, le dispositif Camion Sport Santé permet d’accentuer le travail mené dans les centres de loisirs et sur les temps périscolaires. « Nous touchons environ un millier d’enfants par an », précise le président. Pour ce qui est des activités en elles-mêmes, « on s’adapte au lieu et au temps. En ce moment, les lacs sont gelés donc nous proposons du patin à glace. Dans les villages, nous faisons découvrir les sentiers de randonnées. »



Offrir aux gens ce qu’ils veulent


Au début de la démarche, c’est le CDOS 25 qui sollicite les entreprises et les collectivités. « Nous commençons par des activités de démonstration », explique Dominique Mulet. « Les membres du comité peuvent ensuite former des éducateurs sur place qui souhaitent reprendre en charge une activité. » C’est l’autre objectif de ces camions sport santé, aider des clubs locaux à se développer et « donner de l’activité aux éducateurs qui ont des problèmes d’employabilité à cause des baisses de subventions. » Le comité olympique et sportif du Doubs propose un kit d’activités pour accompagner les éducateurs qui voudraient se lancer dans l’organisation d’activités pour favoriser le sport santé. « Les éducateurs sont souvent formés avec pour finalité les résultats et moins pour le bien-être », souligne le président du CDOS. Permettre de faire du sport, mais sans penser au chronomètre ou à vaincre l’adversaire est bien la vocation du Camion Sport Santé, extension du dispositif « les Bienfaits du Sport » créé en 2008 par Profession Sport & Loisirs. Utilisateur de ce dispositif via une convention, le CDOS 25 visait déjà les enfants et les salariés, en plus des adultes et des seniors, pour améliorer leur qualité de vie et inspirer un mode de vie plus actif. « Le but est de redonner aux gens une envie de convivialité, qu’ils ne pensent pas à la performance, mais à leur bien-être. » Le mouvement sportif suit l’évolution des envies des potentiels pratiquants. Pour grand nombre d’entre eux, la santé est passée au premier plan, avant la compétition. « Pourquoi les clubs traditionnels ne seraient-ils pas capables d’offrir aux gens ce qu’ils veulent ? », interroge Dominique Mulet. Avec ce dispositif, le CDOS du Doubs parvient à répondre aux attentes. « On se demande maintenant comment avancer plus vite », confie le président. « Nous avons déjà l’idée d’acheter un nouveau camion, mais c’est une histoire d’argent. »



Quelques chiffres régionaux


« Un rôle de citoyen »


Le Camion Sport Santé s’est garé à Bart, non loin de Montbéliard, à la rencontre des jeunes du club de football. « Nous les avons sollicités lors de notre stage entre Noël et le jour de l’An pour diversifier les pratiques », explique Clément Bruot, membre du comité directeur du Football club de Bart. Un éducateur du CDOS s’est rendu disponible pendant deux matinées pour faire découvrir le tchoukball, l’ultimate, le polo hockey et le flag rugby aux enfants. Il a également sorti du camion un podomètre pour compter le nombre de pas effectués, un spiromètre pour mesurer les volumes d’air expirés et inspirés et un fréquencemètre, pour sensibiliser à la santé. « Il expliquait le fonctionnement des instruments, puis les jeunes partaient sur l’exercice », raconte l’entraîneur. « C’est aussi le rôle des clubs de sensibiliser à la santé. Nous avons joué notre rôle de citoyen. » Un rôle qu’il est difficile d’assumer seul pour la structure. « On pourrait acheter ces instruments, mais ça ne serait pas rentable », explique Clément Bruot. « De plus, l’éducateur est diplômé sport santé, alors que nous n’en avons pas au club. » Ces deux matinées ont été un succès et le Camion Sport Santé reviendra du côté de Bart pour le prochain stage pendant les vacances de Pâques.