Esprit 2024

Breakdance

Lejeune grandit vite dans les pas du breakdance

Écrit par : Romain Daveau

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À 16 ans, Martin Lejeune est vice-champion olympique de breakdance. Le lycéen, l’un des meilleurs français dans sa catégorie, s’est notamment démarqué lors des premiers Jeux olympiques de la jeunesse de l’histoire, l’année dernière en Argentine. Le tout, en jonglant entre cours et compétitions spectaculaires à travers la France.

Dans la vraie vie, celle de tous les jours, Martin Lejeune est un lycéen comme les autres, avec le même programme scolaire que les autres. Il est en Première ES, au lycée Pierre-de-Coubertin de Calais. Mais, depuis sept ans, l’adolescent a un truc en plus : il sait aussi se transformer en bête de scène depuis qu’il a découvert le breakdance. Une danse née dans les rues de New York dans les années 1970 et qui est devenue un phénomène sportif à travers le monde, au point d’intégrer le programme des Jeux olympiques de Paris en 2024. Suivant la vague d’enthousiasme qui accompagne l’essor de cette spécialité de la danse oscillant entre sport et art, Lejeune fait désormais partie des meilleurs français dans sa catégorie d’âge. Il ne regrette pas d’avoir voulu reproduire ce qu’il avait vu d’un copain de primaire, dans la cour de récréation. « J’avais 9 ans quand je l’ai remarqué en train de faire du breakdance dans la cour », se souvient-il. « Je suis rentré chez moi le soir, j’ai essayé d’en faire. Et, depuis, je n’ai plus arrêté. D’ailleurs, on fait toujours du break ensemble aujourd’hui, dans mon club. »



« C’est un sport et un art »


Pourtant, à l’époque, le jeune calaisien de 16 ans est plutôt enclin à pratiquer le football, comme la plupart des garçons de son âge. « Mais dès que je marquais un but, soit je dansais sur le terrain soit je faisais une acrobatie. » Le break le démange déjà. Ses parents, pas forcément très emballés par la perspective de voir leur fils consacrer une énorme partie de son temps à cette pratique, ont compris au fur et à mesure des mois que le jeune Martin ne lâcherait pas de sitôt sa passion. Ils le soutiennent désormais à 100 %. « Ils m’emmènent à mes entraînements, m’accompagnent sur certains déplacements pour des compétitions… Ils n’arrêtent pas. Mais, c’est vrai qu’au début, ma mère ne voulait pas que j’en fasse. J’ai tellement pleuré pour aller aux entraînements que, au bout d’un moment, elle a cédé ! (Rires) » Tel un sportif de haut niveau, Lejeune s’entraîne désormais près de neuf heures par semaine après ses cours, les lundis, mardis et mercredis. « Je n’ai pas d’aménagement d’emploi du temps. Du coup, dès que je termine les cours, je jette mon sac et je file aux entraînements. » Les jeudis et vendredis, tout de même un peu de repos, pour pouvoir ensuite entamer les week-ends de compétition dans toute la France. Des oppositions seul ou en groupe, découpées en « battle », où les danseurs s’affrontent devant un jury et un public en proposant les meilleurs pas de danse et les plus impressionnantes figures possibles. « Pour moi, c’est un sport et un art. C’est tellement physique ce que l’on fait, que l’on peut le mettre dans la catégorie des sports, avec toutes les compét’ qui sont organisées autour. Mais, la danse est aussi un art. »



KLA District, son autre famille


Durant ces battles, les danseurs ont toujours la place pour une part conséquente d’improvisation, ne sachant pas sur quelle musique ils vont devoir performer. Martin Lejeune, lui, s’attache également à travailler un maximum tous ses mouvements durant ses semaines d’entraînement, ainsi que ses « power moves » (figures rotatives effectuées au sol). Il les adapte ensuite sur une musique de quelques minutes qu’il découvre en direct, tout comme son adversaire. « Pour le reste, je ne fais pas de musculation particulière ou d’autres entraînements physiques, à part un peu de course avec le frère de mon entraîneur pour rester en forme. » Le petit prodige de la discipline a forcément un suivi individuel pour continuer sa progression. « Mes coaches à Calais sont ceux qui m’ont vu débuter dans le break et que je n’ai jamais quittés. » Pour autant, celui-ci s’entraîne également avec son « crew » (groupe), KLA District, lorsque des compétitions par équipes pointent le bout de leur nez. « Ca fait tellement longtemps que je les connais. C’est comme s’ils étaient ma famille maintenant. » Avec ou sans ses onze partenaires, l’adolescent s’est construit un beau palmarès pour son âge (« J’ai gagné les B-Boy France, les championnats de France juniors, ainsi que l’équivalent européen »), mais il a aussi et surtout pris part aux premiers Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) de breakdance de l’histoire, organisés en octobre 2018 à Buenos Aires (Argentine).



« Le nom « Jeux olympiques de la jeunesse » me stressait un peu »


Pour se faire, Martin Lejeune est passé dans l’entonnoir d’une sélection féroce. Chaque jeune français(e) volontaire devait ainsi envoyer une vidéo de ses performances et de ses mouvements et dix étaient présélectionnés. Ceux-ci se sont ensuite rendus en Allemagne pour une autre épreuve de sélection où il s’est démarqué en compagnie de quatre autres candidats. C’est ensuite au Japon qu’il est devenu le dernier candidat masculin choisi pour représenter la France aux JOJ. « C’était un battle comme les autres, bien que le nom « Jeux olympiques de la jeunesse » me stressait un peu », confesse-t-il huit mois après. « Je l’ai préparée de manière un peu plus physique et poussée que les autres battles, car je ne voulais pas montrer mon stress. » Il l’a en effet plutôt bien masqué, son stress, puisqu’il s’est hissé à la force de ses bras et de ses jambes jusqu’en finale, où il s’est incliné 4 juges à 0 face à un Russe de deux ans son aîné. « Je ne m’imaginais pas aller aussi loin. Y participer, c’était déjà quelque chose d’énorme. Et j’ai été battu par un danseur bien plus fort et connu que moi dans le monde. » Alors qu’il devait se contenter d’écraser presque toute la concurrence chez les juniors, Lejeune ne devra plus s’en contenter et peut désormais se frotter aux meilleurs danseurs du pays depuis qu’il a fêté ses 16 ans. Plus tard, le Calaisien s’imagine déjà vivre de son sport passion, « en donnant des cours, en étant juge durant des compétitions ». Mais pour ce qui est de ses objectifs plus immédiats, le danseur aimerait remporter avec son crew le « Battle Of The Year », le championnat de France par équipes, en mai prochain et, parallèlement, continuer d’être un lycéen comme les autres.


La bio express de Martin Lejeune


À Paris 2024 pour une grande première


Alors que les Jeux olympiques de Paris vont innover en intégrant à leur programme quatre nouveaux sports dont le breakdance, Martin Lejeune rêverait d’y participer. Il aura alors 21 ans et sera en pleine force de l’âge. « Ça fait plaisir de voir que notre discipline arrive désormais aux Jeux olympiques. J’attends de voir comment ça va se passer, mais c’est certain que j’aimerais bien y être. C’est en tout cas un signe que le break évolue et se développe, s’il atteint d’aussi grandes compétitions désormais. C’est que tout ça devient de plus en plus grand. Le fait que ce soit à Paris, en plus, ça va être vraiment cool ! »