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Qu’ont changé les Jeux paralympiques de Sotchi en 2014 pour vous ?
Ils ont donné un tournant à ma carrière et m'ont donné quelques occupations supplémentaires. Ils ont été parmi les plus médiatisés, ce qui a engendré pas mal de sollicitations. Cela a été un peu soudain : j’ai dû changer ma pratique sportive, il a fallu tout gérer. Je me suis professionnalisée, j'arrive à gérer plus facilement ma préparation physique sur les skis et les sollicitations sont forcément plus nombreuses quand on passe leader de l'équipe de France féminine de ski alpin. Après les arrêts de Vincent Gauthier-Manuel et de Solène Jambaqué, je me suis retrouvée un peu toute seule à guider cette équipe. Ma place dans l'équipe a changé et le statut de leader n'a pas été évident à s'approprier.
Les Jeux de Sotchi ont-ils également changé votre manière de fonctionner ?
J'ai surtout créé une manière de fonctionner. Je me suis rapprochée des gens qui m'entouraient déjà. Je ne me suis pas dispersée avec des agents, même s'il y en a de très professionnels, on s'est tous un peu formés sur le tas. Ce qui a changé, c'est que je suis beaucoup moins disponible pour mes études. J'ai commencé une formation adaptée aux sportifs de haut niveau à Sciences Po, mais je n'arrive pas à avancer. J’ai fait une coupure d’une année pour préparer les Jeux, je compte bien remettre le nez dans les cahiers après la Corée. Mais c'est vrai que ce n'est pas évident de mener de front deux projets.
« N’avoir aucun regret le 18 mars »
En vous consacrant entièrement à la préparation des Jeux, vous avez forcément des ambitions ?
Oui, je ne peux pas m'en cacher, j'ai des ambitions pour ces jeux. À Sotchi, et même si je n'étais pas vraiment connue du grand public, j'arrivais en leader de ma catégorie. Je me suis un peu révélée donc à Pyeongchang, il faut que ce soit une confirmation. Jusqu'à présent, j'ai tenu le rythme lors des saisons précédentes. Les Jeux, ça se déroule sur cinq courses en cinq jours, il faudra donc être présente au bon moment.
L'objectif sera cette fois de réaliser un carton plein ? Cinq médailles d'or ?
Ҫa, je ne vous le dirai pas ! (rires). J'ai pour habitude de garder mes objectifs pour moi et ça a plutôt bien fonctionné jusque-là. Le seul objectif qui peut paraître très bateau, c'est de n'avoir aucun regret le 18 mars lors de la cérémonie de clôture. Après, le ski, c'est un peu comme tous les sports, il peut y avoir de gros imprévus et on n'est pas toujours maître de tout. Et, même si on est maître de certaines choses, parfois, ça ne passe pas.
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« Je n'ai aucune raison d'arrêter »
À quoi aspire-t-on encore quand on a déjà tout gagné ?
Je fais du ski parce que je suis passionnée par ce sport. J’apprends à me connaître et je sens que je n'ai pas encore atteint mes limites. J'ai envie de progresser. Tant que j'ai ce plaisir et cette envie, je n'ai aucune raison d'arrêter. Ce n'est pas parce que j'ai décroché à peu près tous les titres que je pouvais espérer dans ma carrière que j'arrêterai. Je ne suis pas là à compter les médailles, je suis là pour prendre du plaisir.
« Avoir les JO à la maison dynamise une société »
Sentez-vous que le handisport intéresse davantage ?
J'ai trouvé qu'il y avait déjà eu un petit tournant à Londres, lors des Jeux paralympiques 2012, vraiment bien mis en avant par le comité d'organisation. Cela a ensuite eu forcément un impact sur les Jeux d'hiver de Sotchi. Pour la première fois, des chaînes publiques ont diffusé nos compétitions en direct. Cela a été le vrai tournant. Le public pouvait suivre les athlètes et leurs résultats. On s'est ouvert au grand public sur ces deux paralympiades et, derrière, il y a eu des têtes d'affiche : Marie-Amélie Le Fur l'été et moi l'hiver. Nos performances ont permis de voir l'intérêt grandir autour du handisport. Les mentalités évoluent, la société française est devenue moins frileuse à ce sujet. Ce n'est plus un sujet tabou. On se rend compte qu'on peut vivre avec un handicap et faire plein de belles choses. Un mouvement se développe : comme il y a de plus en plus d'intérêt, de plus en plus de personnes en situation de handicap s'intéressent au handisport, se licencient et participent à des compétitions.
D'autant plus dans la perspective de Paris. Pensez-vous que cet événement peut être un tremplin supplémentaire pour le handisport en France ?
J'espère, et je n'en doute pas, que le comité d'organisation saura mettre les moyens pour que les Jeux paralympiques soient à la hauteur des Jeux olympiques. Je pense que ça va être un grand boom pour le handisport : les athlètes seront là, on pourra aller les voir, les approcher. De manière générale, avoir les JO à la maison dynamise une société autour du sport, et encore plus pour le handisport : les gens vont se rendre encore plus compte des performances des athlètes handisport. C’est une belle opportunité à saisir pour le mouvement handisport en France. Rien que pour l'accessibilité de la ville de Paris, l'organisation des Jeux paralympiques va apporter beaucoup de choses.