À quel moment avez-vous commencé l'athlétisme paralympique ?
Au début des années 2000, suite aux Jeux olympiques de Sydney. J'avais vu une course de démonstration et je me suis dit : « Pourquoi n'essaierais-je pas ? » J'ai alors contacté le club de Guyancourt (Yvelines), qui m'a permis de débuter l'athlétisme. Jusqu'à l'âge de 14 ans, j'ai essayé un peu toutes les disciplines. Puis, suite à un déménagement à Bois-d'Arcy (Yvelines), je n'ai pas retrouvé de structure. J'ai poursuivi mes études à Angers. Cependant, dans cette ville, un entraîneur a osé me dire qu'il n'avait « pas de temps à perdre avec un aveugle ». Je me suis alors tourné vers un autre sport, le torball...
Ce sport de ballon (pratiqué par des déficients visuels) vous a-t-il aidé pour l'athlétisme ?
Oui. Déjà, il m'a permis de conserver une certaine condition physique. Comme il s'agit d'un sport collectif, cela m'a amené à développer un esprit collectif. De plus, j'étais capitaine, j’avais des responsabilités. J'ai même été appelé en équipe de France. C'est un sport que j'affectionne particulièrement, encore aujourd'hui.
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« Le guépard, une sorte de pied de nez »
D'où vient votre surnom de « Guépard blanc » ?
Cela remonte à la veille de ma première finale des championnats du monde, en 2013, à Lyon. À l'époque, je pesais à peine 60 kilos. Mon coach, Arthémon Hatungimana, m'a dit : « Tu n'es pas assez gros pour être un lion, donc demain tu seras un guépard ». Puis c'est resté, j'ai développé ma ligne de vêtements, en faisant de cet animal mon logo. J'ai fait fabriquer des prothèses avec des images de guépard. C’est un félin réputé pour avoir une vue excellente. C'est une sorte de pied de nez, pour montrer qu'il ne faut pas s'apitoyer sur son sort à cause du handicap.
« La poisse me colle à la peau depuis deux ans »
Malheureusement, par la suite, vous vous êtes transformé en « chat noir » en cumulant les désillusions. Comment expliquez-vous cette poisse récurrente ?
Elle me colle à la peau depuis deux ans... Cela a commencé en finale du 400 mètres, lors des championnats d'Europe en 2015. J'ai été disqualifié en raison d'une « poussette » de mon guide de l'époque, Fadil Bellaabouss, sur la ligne d'arrivée. Ce dernier amenait une mauvaise énergie à l'équipe. Mais on m'a ensuite imposé d'aller aux Jeux paralympiques de Rio avec lui. C'est quelqu'un qui est intéressé par l'argent, trop nombriliste pour être un guide. Puis, à Rio, je me suis blessé à l'épaule. Malgré tout, j'ai remporté la demi-finale du 400m, avant d'être disqualifié... Puis, l'été dernier, lors des mondiaux, j'ai à nouveau été disqualifié à l'issue du 200m, pour avoir franchi la ligne après mon guide Yannick Fonsat...
Comment remédier à cette série noire ?
J'ai repris l'entraînement au début du mois de septembre pour tout retravailler en profondeur. Cette fois, je pars avec des guides d'entraînement sains. Il n'existe plus de problème relationnel et humain dans l'équipe. Nous avons souhaité revenir aux fondamentaux, en travaillant le détail. On espère vraiment que cette poisse va nous quitter. Dominer sportivement, c'est bien, mais sans médailles... Les sponsors ont besoin de résultats, la fédération aussi. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas oublier ses échecs et apprendre de ses erreurs.