Comment analysez-vous votre progression cet hiver ?
Il est vrai que le début de saison a bien fonctionné. Je crois que c'est tout simplement parce qu'il y a du travail derrière. Psychologiquement, j'ai passé un palier supplémentaire dans la manière d'appréhender les courses, de m'écouter un peu plus et de m'écarter des résultats des autres. Je me concentre avant tout sur ma performance, ce qui me permet de maîtriser beaucoup plus mon sujet. C'est un travail de fond sur lequel je planche depuis plusieurs mois. Je suis encore jeune, je n'ai que 21 ans. Peut-être que jusque-là je n'avais pas la maturité nécessaire et que ça vient avec le temps. Ce que je peux dire, c'est que je suis toujours en construction.
Réservez votre séjour ski à Serre Chevalier !
« J'avais besoin de faire évoluer mon tir »
Votre victoire en Coupe du monde au Grand-Bornand a-t-elle joué le rôle de déclic ?
C'est certain. Il y a toujours des moments où on a un bon ressenti. Parfois, ce n'est pas du tout le cas, mais ce jour-là j'étais bien. J'ai abordé cette Mass Start avec beaucoup de détachement, c'était la dernière course de ce grand bloc du mois de décembre. J'avais besoin de faire évoluer mon tir et j'avais envie de prendre du plaisir en arrivant sur le pas de tir, de m'engager encore plus. C'est ce que j'ai réussi à faire en me détachant complètement du résultat. Finalement, tour après tour, tir après tir, j'ai vécu l'instant présent en maîtrisant totalement ce que j'étais en train de faire. Je ne regardais pas ce que faisaient mes adversaires. J'étais concentrée sur moi, sur ma course, qui semblait couler de source tellement tout se passait bien. Ce n'est que dans le dernier tour que je me suis rendu compte que la victoire était à portée de skis. C'est évidemment le genre de journée et de sensations que l'on a envie de vivre lors de chaque course.
« Apprendre à me connaître »
Vos objectifs ont-ils évolué après cette victoire, êtes-vous plus ambitieuse ?
Pour le moment, les objectifs restent les mêmes qu'au début de l'hiver. Les bons résultats du mois de décembre n'ont pas changé le fait qu'il faut que je sois plus régulière au niveau du tir ; cela fait partie des objectifs majeurs que je me suis fixés. J'avais vraiment progressé dans ce domaine lors de la préparation, notamment celle du tir couché, et j'avais très envie de mettre ça en pratique sur les courses. Une course est un événement extrême où il arrive que l'on passe à côté pour diverses raisons. Cela m'est arrivé ces dernières années : j'ai parfois perdu mon fil conducteur en me focalisant trop sur mes résultats. Mon objectif principal est d'apprendre à me connaître et à maîtriser tous les éléments, afin justement d'éviter de passer à côté et d'être maître de mon sujet. En termes de résultats, l'évolution a été nette après le travail de l'été et de l'automne. D'autant que c'est une année spéciale ; on a toujours l'impression que tout le monde est meilleur lorsqu'il y a les perspectives des Jeux olympiques. Mais je ne me fixe pas d'objectifs précis, de nombre de courses à gagner, de podiums à atteindre. Ce n'est pas en me fixant des limites que je prends le plus de plaisir.
« Ces JO vont être une découverte totale pour moi »
Vous parliez des Jeux olympiques : de quelle manière appréhendez-vous cet événement ?
J'ai évidemment hâte d'y être, je ne vais pas le cacher. J'ai abordé le mois de janvier comme un mois de préparation en vue de ces Jeux olympiques. J'y vais vraiment sans objectif de résultat, puisque c'est la première fois que je participe à cet événement. Je ne sais donc pas vraiment à quoi m'attendre. Je n'ai même pas de souvenirs de Jeux olympiques d'hiver à la télévision ! Je ne me projette donc pas et je n'imagine rien du tout. Ces JO vont être une découverte totale pour moi et je pense que c'est aussi ce qui va rendre cette expérience plaisante.
Découvrez la bio express de Justine Braisaz ! Le fait d'être plus attendue est surtout le problème de la concurrence, pas le mien. De mon côté, j'ai simplement envie de continuer à aborder les courses comme je l'ai fait cet hiver, notamment au mois de décembre. Lorsque j'ai porté le maillot jaune, j'ai absorbé les attentes et les craintes des autres et je me suis perdue dans ma course. Honnêtement, je ne me fais pas du tout plaisir lorsque c'est ainsi. Je dois me détacher de tout ça. C'est facile à dire, mais très difficile à faire. Il y a des athlètes qui sont stimulés par le fait de porter un maillot de leader ou par un podium. Ce n'est pas du tout mon cas, ce n'est pas en pensant à cela que j'aime aborder les courses. À mes yeux, le meilleur moyen de faire de bonnes courses est de me focaliser sur la manière, et de tout faire pour prendre un maximum de plaisir sur les skis et au tir.