Mais que ferait-on sans eux ? Comment la France arriverait-elle à supporter l’absence des 13 millions de bénévoles qui s’investissent, parfois au détriment de leur vie privée, et qui contribuent à la survie du lien social ? Dans les quatre coins du pays, dans les villes et les villages, dans les beaux quartiers comme dans les difficiles, ces hommes et ces femmes sont des acteurs majeurs de la préservation de notre modèle social français. Un constat partagé et assumé par Flavien Neuvy, maire de Cébazat depuis 2014 et conseiller départemental du Puy-de-Dôme. « Les élus locaux ne peuvent pas tout faire. Le secteur associatif joue un rôle que personne d’autre ne pourrait jouer. Aujourd’hui, les associations sont absolument essentielles dans le lien social et le fonctionnement de notre société ». Des territoires ruraux aux grandes métropoles, le constat est le même, il est incontestable. Guillaume Duflot, vice-président d’Amiens Métropole en charge des sports, abonde dans ce sens. « Le bénévolat, c’est l’épine dorsale du sport. Sur Amiens, nous avons environ 3 000 bénévoles pour 300 associations sportives. S’il n’y avait pas ce travail quotidien, le sport n’aurait pas pu se développer et se démocratiser sur notre territoire ».
Un manque de reconnaissance…
Si l’importance et la nécessité d’avoir un bénévolat fort ne font aucun doute chez les Français et leurs politiques, il n’en demeure pas moins que le modèle associatif traverse une crise sans précédent, souvent causée par un manque évident de gratitude. « Sans bénévoles, nous n’aurions pas d’associations. Et,malheureusement, le statut du bénévole n’est pas encore établi, alors que ce serait une forme de reconnaissance de la société pour tous ceux qui s’investissent et donnent de leur temps personnel au service des autres », regrette Flavien Neuvy, rejoint par Jean-Philippe Bacou, président du club des Arceaux à Montpellier. « Je suis inquiet, il n’y a pas de reconnaissance. Rien n’est adapté au travail des bénévoles, à leur rémunération. Aujourd’hui, le passionné qui vient sur son temps et sur son argent, il se fatigue, il s’épuise ». Investi depuis plusieurs années dans le football amateur de son département, et notamment dans la formation des plus jeunes, le président du club montpelliérain a vu les mentalités changer au fil des saisons. Considérés à leur juste valeur dans un passé encore proche, les bénévoles sont aujourd’hui soumis à beaucoup trop de contraintes, devenues nombreuses et parfois difficilement tenables.
Une mission de plus en plus difficile…
Parmi ces difficultés, le comportement décourageant de parents ou d’accompagnateurs. « Certains sont difficiles ; les bénévoles subissent beaucoup de reproches, des critiques. C’est forcément démobilisant. Une association sportive, ce n’est pas une garderie », explique Jean-Philippe Bacou. Ce constat difficile, mais partagé par une immense majorité des bénévoles et responsables d’associations, a clairement de quoi inquiéter. « Malheureusement, et notamment dans les associations sportives, nous voyons des parents qui se comportent avec les associations comme de simples consommateurs. Voilà pourquoi ce statut du bénévole me semble très important, car cela permettrait de valoriser et de reconnaître son investissement. Et puis cela pourrait peut-être permettre à d’autres de s’investir », espère Flavien Neuvy, rejoint par Guillaume Duflot. « Il y a une véritable crise du bénévolat, nous en avons de moins en moins. Je connais beaucoup de présidents qui veulent laisser la main, mais qui ne trouvent pas de relève. Parler du statut du bénévole, ça me paraît aujourd’hui indispensable. Une réflexion de fond doit être menée, si l’on ne veut pas que des associations soient contraintes de tout arrêter. Si cela arrive, nous pourrons nous retrouver dans une situation très compliquée dans les prochaines années. Nous devons apporter de la reconnaissance, mais également fidéliser, voire former nos bénévoles. C’est essentiel pour l’avenir de nos associations, et donc de notre monde sportif ».
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Une prise de conscience indispensable…
Si des solutions existent, il devient urgent que la problématique du bénévolat devienne un chantier majeur de notre société dans les prochaines années. Car, malgré toute la volonté et l’investissement de ces millions de Français, ces derniers se retrouvent aujourd’hui dans une situation de moins en moins tenable.« Si je suis confiant ? Je m’interroge. Je ne sais pas si nous aurons beaucoup de facilités à trouver des bénévoles à l’avenir, d’autant que les associations se professionnalisent. C’est de plus en plus difficile sur un plan juridique ou financier. Au milieu de cela, des bénévoles résistent et s’investissent, ils sont un atout incroyable pour notre pays ». À l’instar de Flavien Neuvy, les politiques locaux semblent avoir pleinement conscience de cet enjeu. En attendant une évolution notable et rapide, les présidents d’associations doivent continuer à s’investir et à donner d’eux-mêmes pour préserver ce bien si précieux. « Notre atout, que l’on essaye de faire perdurer, c’est que nous sommes un club familial. L’amitié et la convivialité, c’est le socle de nos associations. On essaye d’organiser un maximum de repas ou d’apéritifs en commun, c’est le seul moyen de limiter l’érosion », conclut Jean-Philippe Bacou. Comme des millions d’autres en France, le président du club montpelliérain continue à croire à l’essence même du bénévolat, à sa nécessité dans la préservation de notre modèle social. Les enjeux sont immenses et dépassent largement le cadre du sport. Il devient urgent d’agir pour que bénévolat ne rime pas avec passé, mais bel et bien avec avenir…