La Bretagne est une terre riche de traditions. Le gouren, lutte au corps à corps, en fait partie. Cette discipline se pratique debout, l’empoigne étant réalisée par le vêtement et les attaques de jambes en dessous de la ceinture. La victoire est assurée à l’un des deux opposants lorsqu’il a réalisé un lamm, c’est-à-dire faire tomber son adversaire et plaquer ses deux épaules au sol. Toutes les autres chutes rapportent des points. En cas d’égalité après trois à sept minutes de combat selon les catégories et les compétitions, une astenn (prolongation) se joue. Si les lutteurs ne se sont pas départagés à son terme, ce sont les trois arbitres qui déclarent le vainqueur à la majorité de leur voix. « Le gouren se déroule en salle, comme le judo, sur des tapis appelés palenn », complète Hervé Caron, directeur administratif de la Fédération de gouren. « Des tournois sont organisés en plein air l’été sur de la sciure de bois. »
D’un sport de nobles à un sport de campagne
Pour trouver les origines du gouren, il faut retourner au IVe siècle et en Grande-Bretagne. « Des Britanniques ont traversé la Manche pour se réfugier en Armorique et ont amené ce sport, qui s’est développé petit à petit », raconte Hervé Caron. « Au départ, il était pratiqué par les nobles et les chevaliers, puis il s’est diffusé dans les campagnes jusqu’à devenir un sport traditionnel. Le gouren a perduré, malgré une interdiction de l’église fin du XIXe siècle et est devenu partie intégrante de la culture bretonne. » Les termes techniques se prononcent en langue bretonne : roched (la chemise), divrud (la disqualification) ou dibenn (annonce de la fin), par exemple. Le gouren a connu un retour en force dans les années 1970 lorsque que de nombreux clubs se sont créés et qu’il est passé sous l’égide d’une seule fédération en 1980. « Nous sommes organisés comme les autres, même si nous sommes associés à la Fédération française de lutte », indique le directeur.
Découvrir les autres luttes traditionnelles
Une discipline scolaire
Les pratiquants peuvent se confronter lors d’un championnat régional. La fédération recense 1 500 licenciés répartis dans une cinquantaine de clubs dans les cinq départements de la Bretagne historique. « C’est fluctuant », précise le directeur. « En ce moment, nous manquons de bénévoles, comme dans tous les sports. » Le gouren est surtout très pratiqué dans les établissements scolaires, pouvant même être pris comme option au bac. « Ce sport touche 10 000 enfants par an », souligne Hervé Caron.