Tradition

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Le sport des rois tente de survivre

Écrit par : Thomas Guérard

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Pionnier du sport professionnel en France et après plus de 700 ans d'existence, le jeu de paume tente de continuer d'exister. Explications de Gil Kressman, ancien président du club de Jeu de Paume de Paris et auteur de « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le tennis et autres jeux de balle ».

Quelles sont les différences entre le jeu de paume et le tennis ?

La principale différence est que l'on peut utiliser les murs. Si un seul rebond au sol est autorisé comme au tennis, la balle peut rebondir partout sur les murs. Ceci offre donc beaucoup plus de possibilités de coups et de points gagnants. C'est un sport qui demande un grand sens tactique, mais aussi beaucoup d'habilité, de réactivité et d’anticipation.



« Petit à petit le jeu de paume a été délaissé »


Premier sport professionnel en France, comment expliquer le déclin du jeu de paume ?

Il faut savoir à l'époque que tous les courts de paume étaient privés, il n'y avait pas de courts municipaux. C'était un maître-pommier qui le transmettait à sa famille la plupart du temps. Ensuite, il a notamment connu un gros déclin à l'époque de Louis XIV. Les Français ont délaissé le sport pour la danse, qui plus est, parce que ce dernier ne pouvait pratiquer ce sport car il avait la goutte. La cour du roi pratiquait donc beaucoup de danse. Les professeurs ayant moins d'élèves, les courts sont devenus des salles d'argent où on pariait notamment sur les joueurs. Beaucoup de courts ont aussi été transformés en salle de théâtre. Petit à petit le jeu de paume a été délaissé.


Et pourquoi le tennis est devenu beaucoup plus populaire ?

C'est très simple ! Tout d'abord, le tennis a été créé au XIXe siècle pour les femmes. Le jeu de paume était un sport pratiqué par les hommes, le tennis a été fait pour les femmes avec des raquettes et des balles plus légères. Les femmes ont beaucoup joué au tennis puis, petit à petit, les hommes s'y sont mis. Et puis un court de tennis, c'est très simple à faire. On plantait quatre piquets et installait un filet sur du gazon, on avait le terrain. Un court de jeu de paume, il faut un terrain de 30m sur 12, une hauteur de mur d'une quinzaine de mètres avec si possible une verrière. Par exemple, le nouveau court de paume à Bordeaux a coûté 1,3 million d'euros, alors qu’un court de tennis revient à 30 000 euros environ.



« Le modèle économique du jeu de paume n'est pas viable »


Le squash ou le padel se développent de plus en plus depuis quelques années, comment expliquez-vous ce phénomène ?

Si on prend l'exemple du squash, le jeu de paume est quatre fois moins rentable. Quand le club de Paris décide d'installer des courts de squash, il en installe quatre à la place d'un court de jeu de paume. C'est tout de suite plus rentable, et cela a d’ailleurs sauvé le club. Les matchs de squash durent aussi moins longtemps, donc les clubs tournent plus et les gens viennent plus facilement pour un match qui dure 40 minutes que pour un match plus long. Le modèle économique du jeu de paume n'est pas viable, quand d'autre sports plus modernes sont plus rentables.


L’ancêtre des sports de raquette


Le jeu de paume est aussi à l'origine de nombreuses expressions de la langue française...

Oui, j'ai fait un lexique là-dessus il y a quelques années d'ailleurs. Outre l'expression « Qui va à la chasse perd sa place », plusieurs autres expressions en sont issues. Notamment « Rester sur le carreau », car les courts étaient faits avec des carreaux et on devait laisser passer le vainqueur pour sortir du court. Il y a aussi « Jeu de main, jeu de vilain », car les pauvres ne pouvant pas jouer avec une raquette, ils jouaient à la main, « Prendre la balle au bond » ou encore « Tomber à pic ».