3è mi-temps

VOYAGE EN RUSSIE

Le billet de Simon

Écrit par : Christophe Luczak

Christophe-Luczak.jpg

Simon vous parle de la Russie. Il faut bien reconnaître que ce pays fait fort en ce moment.


Le 2 décembre 2010, le comité exécutif de la FIFA lui a confié l’organisation de la Coupe du monde de football 2018, en même temps que celle du Qatar en 2022. La stratégie russe d’acquisition de grandes compétitions internationales fonctionne merveilleusement bien après l’attribution des Universiades de Kazan 2013 et des JO de Sotchi 2014. La Russie est dans les temps, la Coupe du monde sera bien livrée. Plus de la moitié des billets seraient déjà vendus. Une loi sur l’entrée sans visa en Russie uniquement pour les fans qui possèdent un billet officiel, le fameux « Fan ID », a même été signée par Vladimir Poutine. Tout cela est bienvenu pour lui, avec une élection présidentielle russe en mars 2018.


Simon ne rate quand même pas l’occasion de vous rappeler que sur les 22 membres du comité exécutif de la FIFA ayant pris part au vote en 2010, 5 sont encore actifs et officiellement membres du conseil. Pour les autres, nous avons 6 suspendus, dont l’ancien président Blatter, 2 sous enquête du FBI, 1 inculpé par la justice, 1 décédé, et 7 qui ont quitté le conseil...


Le deuxième sujet qui fait parler de la Russie est plus croustillant. Le 5 décembre dernier, le CIO suspend le comité olympique russe avec effet immédiat. Simon se dit que la Russie est ainsi en position de « hors-jeu ». Conséquence directe : il n’y a plus d’organisation russe pour sélectionner des athlètes dans l’équipe olympique des JO d’hiver de Pyeongchang 2018. Quelques athlètes russes seront autorisés à concourir durant les JO, mais uniquement sous les couleurs olympiques et sous le nom d’« athlètes olympiques de Russie ». Ils seront sélectionnés par un panel dirigé par Valérie Fourneyron, présidente de l’autorité de contrôle indépendante antidopage, afin de protéger les athlètes propres. De très grosses personnalités russes sont sanctionnées individuellement : le vice-premier ministre russe Vitali Moutko, interdit à vie de Jeux olympiques, ou Alexandre Joukov, président du comité olympique russe suspendu en tant que membre du CIO.


Simon vous remet les idées au clair. Il s’agit de la réponse tant attendue à l’un des plus gros scandales institutionnels de dopage au monde. En 2014, après les JO de Sotchi, la Russie trône en tête du tableau des médailles. Mais Grigori Rodchenkov, ancien directeur des laboratoires antidopage de Moscou et Sotchi, en exil aux USA, se confie dans le New York Times en détaillant précisément le système de triche mis en place par la Russie durant ces Jeux. En mai 2016, l’agence mondiale antidopage confie l’enquête à un juriste chevronné canadien, Richard MacLaren. Il était déjà membre de la commission Pound qui avait enquêté sur l’athlétisme russe avant les Jeux de Rio. Cette fois encore, les faits sont édifiants. On parle juste de plus d’un tiers des médailles russes de Sotchi entachées de dopage, d’athlètes lanceurs d’alerte, de tricheries organisées à tous les niveaux, de trappes dans les murs du laboratoire, d’échanges de flacons d’urine, de cocktails duchesse, de pressions multiples sur les athlètes russes…


Ah oui, Simon a oublié de préciser qu’en attendant l’ouverture officielle de cette Coupe du monde 2018, avec un joli Russie / Arabie Saoudite, match des super puissances pétrolières et certainement un clin d’œil géopolitique, Vitali Moutko, suspendu à vie des Jeux olympiques par le CIO est toujours président de la fédération russe de football et membre du comité d’organisation de la Coupe du monde.


Cette fois, c’est officiellement à la FIFA d’enquêter et de rebondir sur le travail de l’avocat Richard MacLaren. La Russie nous réserve encore bien des surprises...