Grégory, comment abordez-vous cette nouvelle saison ?
J’ai repris assez tard ma préparation. L’objectif principal, ce sera d’être prêt en décembre. Je vais attaquer par une tournée aux États-Unis, à San Francisco puis Philadelphie. J’essaye de m’affûter, de reprendre mes marques sur le terrain. J’espère que je serai prêt pour la reprise de la compétition. En tout cas, j’ai fait beaucoup de physique fin juillet et début août pour être en forme dès le mois d’octobre.
Ces semaines de préparation sont-elles essentielles ?
Oui. C’est tous les ans la même chose. Début août, on a deux mois pour se remettre en forme et construire notre saison. Après, dès qu’elle est lancée, nous n’avons plus le temps pour entamer un gros cycle d’entraînement. Entre chaque tournoi, nous n’avons qu’une semaine ou dix jours de récupération, sans parler des voyages qui sont également fatigants. C’est pour cela que la préparation estivale est vraiment importante pour travailler l’endurance, le physique et les fondamentaux.
L’orgueil des grands champions…
Une mauvaise préparation peut donc avoir des conséquences sur les performances…
Oui, il faut faire attention. L’année dernière par exemple, ma préparation a été assez courte. Je n’ai eu que cinq semaines, alors qu’il est préférable d’avoir au moins six à huit semaines. Sur les premiers tournois, je n’étais pas très bien. C’est au fil des matchs que je me suis amélioré, que je suis monté en puissance. Cette année, je ne sais pas du tout comment je me sentirai sur le premier tournoi. Je ne m’attends pas à avoir des résultats exceptionnels d’entrée, j’ai besoin d’avoir quelques matchs dans les jambes pour retrouver mes marques et la confiance.
Après plusieurs mois très compliqués, vous êtes revenu à votre meilleur niveau. Comment expliquez-vous ce retour ?
L’orgueil, tout simplement. J’étais vraiment déçu de ma saison précédente, qui a été marquée par beaucoup de blessures. Dès que je revenais sur les tournois, j’étais loin d’être à 100%. Certaines défaites ont été très difficiles à avaler, même si j’ai limité la casse quand on voit toutes les blessures que j’ai eues. Après, c’est clair que c’est toujours chiant (sic) d’aller sur des tournois et de ne pas être en pleine possession de ses moyens. J’étais vraiment triste.
Une pause salvatrice…
Dans ces moments de doute, avez-vous pensé à mettre un terme à votre carrière ?
J’en avais un peu marre, c’est vrai. D’autant qu’à chaque fois que je revenais, il y avait toujours un nouveau problème. À ce moment-là, j’avoue que je me suis demandé si c’était un signe. Sur ma dernière blessure, j’ai vraiment pris le temps. Je suis reparti sur un cycle de trois semaines de préparation à Noël après avoir pris un peu de repos. Cette pause m’a permis de faire le vide et de retrouver la motivation. J’étais tellement touché par ce que je vivais que j’ai eu envie de repartir de l’avant et de remettre les points sur les « i ». Au fur et à mesure de la saison et des bons résultats, j’ai retrouvé la confiance. Une dynamique positive s’est installée et ne m’a plus quitté jusqu’à aujourd’hui.
Onze ans dans le Top 20 mondial
Vous êtes clairement l’un des tout meilleurs joueurs de l’histoire du squash. Qu’est-ce que cela représente à vos yeux ?
C’est sûr que c’est très gratifiant. Après, je ne cours pas derrière cet objectif, je veux avant tout prendre du plaisir. D’ailleurs, le fait de retrouver la victoire après toutes ces blessures, c’est énormément de bonheur. Revenir à un super niveau, ça m’a clairement redonné la banane. J’aime beaucoup les profils de mecs comme Nadal ou Federer. Ils ont plongé, tout le monde pensait qu’ils étaient terminés. Mais ces joueurs sont tellement déterminés et disciplinés qu’ils trouvent les solutions pour revenir et être performants. Ce sont des exemples.
Comme eux, votre longévité au plus haut niveau est impressionnante…
C’est également l’une de mes grandes fiertés. Rester onze ans dans le Top 20 mondial, ce n’est pas rien. Je suis même devenu le numéro un mondial le plus âgé. Je suis heureux de ma carrière, mais je ne m’arrête pas là, j’ai d’autres objectifs. Je n’ai pas envie de penser à ce que j’ai fait, mais plutôt à ce que j’ai à faire.
Deux grosses échéances d’ici décembre…
Justement, que peut-on vous souhaiter pour vos prochaines échéances ?
J’aimerais remporter un nouveau titre de champion du monde, ce sera en décembre. Fin novembre, on va également avoir les championnats du monde par équipes à Marseille. C’est un objectif majeur, que ce soit pour moi ou pour l’équipe de France. Ce seront mes deux gros objectifs d’ici à la fin de l’année. Et puis, forcément, j’espère être performant sur les différents tournois pour conserver cette place de numéro mondial le plus longtemps possible.