Trente ans. Voilà désormais trente ans que le Cécifoot est apparu en France. En septembre 1987, c'est l'AS Cécifoot Saint-Mandé qui a été le premier club à se lancer dans l'aventure. « Aujourd'hui, notamment depuis que la discipline a rejoint la Fédération française handisport et est donc devenue officielle, son développement a concerné une grande partie du territoire métropolitain », explique Julien Zéléla, directeur sportif en charge de la discipline au sein de la Fédération française handisport. « Nous avons ainsi des équipes dans toutes les régions, et un championnat de France dont la nouvelle saison a démarré au mois de décembre. Nous avons deux catégories, B1 et B2/B3, avec huit équipes dans chaque catégorie. C'est un vrai progrès. À l'heure actuelle, on peut raisonnablement parler d'une fourchette de 250 à 300 licenciés, et là je parle de joueurs inscrits en compétition. Ceux qui font du loisir ne sont pas comptabilisés ».
« Le Cécifoot reste du football avant tout »
Aujourd'hui, le football de clubs, mais aussi et surtout l'équipe de France, incarnent l'image du Cécifoot en France. « Le Cécifoot reste du football avant tout. Ce sont des déficients visuels qui jouent au football, et non des aveugles qui tapent dans un ballon. Forcément, la vitrine du Cécifoot est cette équipe de France, celle qui est devenue vice-championne paralympique en 2012 à Londres ». Des Bleus qui ne se sont pas qualifiés pour les Jeux paralympiques de Rio en 2016, mais qui sont désormais lancés vers un nouveau cycle, comme en témoigne la récente quatrième place obtenue au Championnat d'Europe organisé en Allemagne. Un cycle qui doit les mener aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2020, mais surtout à ceux de Paris en 2024. « C'est évidemment un événement qui compte beaucoup pour le monde du handisport », souligne Julien Zéléla. « Il faudra qu'on soit prêt, pas seulement au niveau de notre équipe de France, mais aussi à celui de la place de notre discipline dans le paysage sportif ». En effet, le Cécifoot est touché par de nombreux chantiers. Un premier regret pour Julien Zéléla. « Le rapprochement avec les clubs valides, avec tout le tissu du football amateur, est très important. Pouvoir bénéficier des infrastructures et de l'encadrement de ces clubs est indispensable pour emmener la pratique du Cécifoot vers une pratique de proximité ».
Le cécifoot compte sur Yvan Wouandji
« Nous avons besoin d'un partenaire économique fort »
Autre problème : les infrastructures. « À l'heure où Paris a obtenu l'organisation des Jeux paralympiques en 2024, il n'est pas normal que la France ne dispose pas d'un terrain de Cécifoot aux normes internationales. J'aimerais donc bien savoir comment on va préparer notre équipe de France et comment on va répondre aux demandes des pays qui voudront préparer les Jeux chez nous ». Pour cela, entamer un dialogue avec la Fédération Française de Football semble nécessaire. « Il faut aussi que nous ayons un vrai partenariat, une vraie convention avec la FFF. La précédente que nous avions avec la FFF s'est terminée en juin 2017 ; il faut arriver à relancer ce partenariat. D'ailleurs, les partenaires économiques nous font également défaut. La Fédération des Aveugles de France nous suit depuis plusieurs années pour permettre à un maximum de déficients visuels d'être dans la pratique du Cécifoot, mais il est vrai que nous aurions aussi bien besoin d'un partenaire économique fort, afin d'organiser dignement nos compétitions nationales ». Émergent, le Cécifoot a donc encore du pain sur la planche. Mais la perspective de Paris 2024 est justement une réelle lueur d'espoir pour ce sport et son développement.