Pourquoi le sport fait-il partie des priorités de la Fédération des Aveugles de France ?
Déjà, parce que le sport est un formidable vecteur de lien social qui permet aux personnes de se rencontrer. Pour nous, ce lien est capital. On insiste donc beaucoup sur le développement du sport, au niveau de la fédération, mais aussi et surtout des associations qui œuvrent sur le terrain. En tant que président, j'essaye de mettre l'accent sur l'activité sportive. Je pense au Cécifoot, que nous développons en lien avec la Fédération française handisport et qui a de beaux jours devant lui. C'est typique d'une activité qui permet de faire se rencontrer les voyants et les non-voyants.
« La pratique sportive peut plaire au plus grand nombre »
Quels sont les autres axes de développement du sport au sein de la fédération ?
Aujourd'hui, on se concentre aussi sur le tandem, qui est un sport qui recueille un certain succès auprès des personnes aveugles. La course à pied est également un élément important. Trois marathoniens aveugles ont porté les couleurs de la Fédération des Aveugles de France lors du dernier marathon de New York. Je n'oublie pas non plus le GoalBall, qui fait partie des disciplines paralympiques et qui se pratique de plus en plus en France. Tout cela concerne le sport de compétition, mais notre but est aussi de développer le sport de loisir.
Faites un don à la Fédération des Aveugles de France !. Je suis sûr que la pratique sportive peut plaire au plus grand nombre.
« Les Jeux paralympiques est une vraie chance pour nous »
Quels espoirs placez-vous dans l'organisation des Jeux paralympiques à Paris en 2024 ?
C'est un événement qui doit être un moteur et qui doit nous permettre de trouver des sponsors. Vous savez, la fédération ne prétend pas disposer d'un budget colossal. Nous n’avons pas les budgets d’un club de football de Ligue 1. Mais, si on avait 200 000 à 300 000 euros venant d'un sponsor, cela nous permettrait par exemple de structurer un véritable championnat de France de Cécifoot. Ce serait une grande avancée. Je crois sincèrement que l'organisation des Jeux paralympiques est une vraie chance pour nous.
Cela passe-t-il aussi par plus de collaboration avec le monde scolaire et universitaire ?
En effet, je le pense. Vous savez, il y a beaucoup de choses à construire. J'irai même jusqu’à dire que 90 % de notre projet est à construire et à réaliser. Lors des précédents exercices, nous avions quelques dizaines de pratiquants seulement sur une année. J'ai donc décidé de placer le curseur sur le sport, afin d'en faire un véritable vecteur d'épanouissement pour les compétiteurs ou pour ceux qui ont une pratique plus simple du sport. Les gens qui font de la marche, des activités de course à pied, des stages de ski... tout ça, c'est chouette, ça favorise l'intégration des personnes qui vivent au quotidien avec leur déficience visuelle.
« Faire entrer le sport des aveugles dans les fédérations classiques »
Un travail avec les fédérations sportives classiques est-il possible ?
Tout à fait, c'est d'ailleurs ce que nous allons essayer d'initier en 2018. Il faut parvenir à ce que les grandes Fédérations sportives incluent les pratiques sportives des personnes aveugles dans leurs projets. Je pense par exemple à la Fédération française de football, qui a des moyens importants et qui pourrait intégrer le Cécifoot. La Fédération française d'athlétisme pourrait aussi consacrer plus de moyens au sport pour les personnes déficientes visuelles. Convaincre les fédérations : on y travaille actuellement.
Le nombre d'aveugles est amené à croître dans les années à venir. Construire tout cela aujourd'hui est donc capital ?
C'est certain. Le sport est aussi une façon de bien vieillir, y compris pour les personnes aveugles. Le développement de la pratique sportive par la fédération est ainsi guidé par le vieillissement général de la population, mais aussi par le fait que la population aveugle et malvoyante est en effet amenée à croître fortement. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le nombre de personnes atteintes d'une déficience visuelle pourrait même doubler d'ici 2050. Il est donc urgent d'agir maintenant.