Ma fédération

Alain Bertholom

« La lutte est ouverte au plus grand nombre »

Écrit par : Olivier Navarranne

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Président de la Fédération Française de Lutte et Disciplines Associées depuis 2009, Alain Bertholom a entamé depuis plusieurs années un important travail de modernisation de la fédération. Cela permet à la lutte française de véhiculer une belle image et de se montrer plus ambitieuse que jamais pour les Jeux olympiques de 2020 et 2024.

Alain Bertholom, comment se porte la lutte française aujourd’hui ?

Nous évoluons, mais trop lentement à mon gré. Quand je suis arrivé aux commandes de la fédération en 2009, nous totalisions 15 000 licenciés. Aujourd'hui, nous approchons les 21 000. Il faudrait rapidement pouvoir atteindre 30 000, voire 35 000 licenciés pour passer un cap. Pour y arriver, on a notamment créé un service communication. Cela n'existait pas avant 2009. On s'est également attaché les services d'une agence de presse, on est présent sur les réseaux sociaux, tout cela n'existait pas il y a encore quelques années. C'est le genre de chose qui doit nous permettre de répondre aux attentes des jeunes et de faire entrer notre fédération dans une nouvelle ère. Sportivement, nous essayons de rendre nos compétitions plus attrayantes et de susciter l'événement, comme c'est le cas grâce au Gala au Cirque d'Hiver, au Tournoi de Paris et plus récemment aux championnats du monde à l'AccorHotel Arena de Paris.


Les lutteuses, fers de lance en 2020 et 2024



Justement, quel est l'impact de ces Mondiaux pour la lutte française ?

L'impact est évidemment très positif. Sportivement, les résultats ont été plutôt intéressants. On sortait des Jeux olympiques de Rio sans médailles ; il était donc important de se reprendre lors de ces championnats du monde à domicile. Koumba Larroque a décroché le bronze. On peut lui ajouter une cinquième place et trois quarts de finale. Tout cela nous lance idéalement pour l'olympiade qui nous mène aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Concernant l'accueil de l'événement, un héritage va rester, celui du savoir-faire de l'organisation. Incontestablement, cet événement va permettre à la Fédération Française de Lutte de progresser dans ses organisations futures.


Vous évoquez Koumba Larroque : la lutte féminine peut-elle devenir la tête d'affiche de la lutte tricolore ?

Complètement ! Au-delà de Koumba qui est aujourd'hui devenue le leader de la lutte française, hommes et femmes confondus, nous avons une très belle équipe de France féminine, composée de jeunes très prometteurs. Je pense à Mathilde Rivière qui a terminé cinquième des championnats du monde et troisième aux championnats d'Europe. Je suis persuadé que nos lutteuses seront les fers de lance de notre discipline pour 2020 et 2024.



« Les yeux rivés sur les Jeux olympiques de Tokyo »


Quelles sont vos priorités pour cette olympiade qui mène aux Jeux olympiques 2020 ?

Après les championnats du monde organisés à Paris, on a désormais évidemment les yeux rivés sur les Jeux olympiques de Tokyo. On ambitionne d'avoir au moins six ou sept qualifiés pour cette compétition et d'obtenir au moins une médaille. D'ici là, il y a bien sûr des choses à faire de notre côté. On aimerait notamment candidater pour obtenir l'organisation d'un tournoi de qualification olympique. C'est sur ce genre d'événement que le savoir-faire que nous avons acquis cette année aux Mondiaux de Paris doit nous servir. On obtient souvent de meilleurs résultats en luttant à la maison. Une telle organisation va donc peut-être permettre à nos athlètes d'être plus nombreux à se qualifier pour les Jeux olympiques. Dans l'idéal, ce TQO aura lieu en 2020 en province.


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« Les disciplines associées nous aident à grandir »


Qu'apportent les disciplines associées à la fédération ?

Ces disciplines nous apportent déjà plusieurs milliers de licenciés, ce qui nous aide dans le cadre de notre développement. Les disciplines associées nous aident à grandir. Il est également intéressant de confronter nos avis aux leurs. Chaque discipline a sa culture. Je pense au Sambo, qui n'a pas les mêmes origines que notre sport, ou au Grappling, qui est une discipline née dans les années 2000 et qui entre dans le cadre de la modernisation de la fédération.


Aujourd'hui, justement, la lutte est-elle une discipline moderne ?

C'est le cas, mais je crois qu'il faut surtout faire évoluer notre image auprès du grand public. Les gens voient dans la lutte un très vieux sport qui n'incarne pas la modernité, alors que notre discipline est pratiquée par tous. La lutte est ouverte au plus grand nombre. La fédération internationale joue d'ailleurs un rôle important concernant l'évolution de l'image de la lutte, elle modernise le fonctionnement de nos compétitions. Cela s'est vu lors des championnats du monde à Paris : nous avons fait un gros effort sur la présentation de la discipline. La lutte est aussi moderne que d'autres sports, c'est simplement un problème d'image. Mais, heureusement, c'est en train de changer.