Son tout premier titre en club chez les pros, il se l’est offert comme un grand. D’un smash claqué en guise de balle de match, le 10 mars dernier face à Chaumont (3-0), Barthélémy Chinenyeze arrache la dixième Coupe de France du Tours VB, record absolu dans l’histoire du volley français. Un succès que le TVB doit en grande partie à son central, qui a ouvert son palmarès en club, ce qui est déjà le cas avec la sélection tricolore malgré ses 21 ans tout juste fêtés. Du haut de ses 2,02 m, le « petit » voit tout en grand depuis ses débuts au volley dans le Nord. « Tout va très vite pour moi depuis Dunkerque », peine à réaliser « Babar », surnom donné par ses entraîneurs au Centre national de volley (CNVB). « Mais je me rappelle d’où je viens. Dès que je rentre, je passe voir les copains avec qui je jouais au volley avant et ils sont fiers de moi. C’est un truc de fou ce qui m’arrive. »
Poussé par les blessures, porté par le talent
D’abord attiré par le foot, celui qui avait des posters de Thierry Henry dans sa chambre analyse assez vite qu’il est plus doué avec ses mains qu’avec ses grands « panards ». Il regarde d’abord des amis de la famille jouer dans le club de Dunkerque. Il y joue ensuite et depuis ses 13 ans. Trois ans plus tard, Chinenyeze quitte sa ville natale pour rejoindre le Pôle Espoir de Wattignies à côté de Lille. Le jeune homme casse tout et, pas le choix, doit faire le grand saut plein sud vers le CNVB de Montpellier. Avant de vivre sa première saison professionnelle en 2016-2017, avec les Spacer’s de Toulouse, finale de Ligue A à la clé, déjà. « Toulouse, ce sont des supers souvenirs. J’allais là-bas pour découvrir ce qu’était le haut niveau, me tester. J’étais troisième central de base, je ne pensais pas beaucoup jouer mais j’ai profité de blessures pour qu’on me donne ma chance. Et on est allé jusqu’en finale du Championnat, ça a été vraiment une année exceptionnelle pour moi. » À tel point que, même pas un an après ses débuts pros, le longiligne se retrouve en équipe de France, lui qui a déjà connu les sélections en cadets et juniors aux côtés notamment de Stéphen Boyer ou Daryl Bultor. Il fête sa première sélection le 13 mai 2017 face à la Belgique… à Tours. « Tout s’est accéléré à une vitesse… Je ne m’y attendais pas, ça ne s’arrêtait jamais. Même en équipe de France, à cause de petites blessures d’autres coéquipiers, je me suis retrouvé à jouer et remporter une finale de Ligue mondiale (en 2017 face et au Brésil, NDLR). J’ai eu un peu de chance dans tout ça, on ne va pas se mentir. » Lorsqu’on lui souffle qu’il faut également une bonne dose de travail et de talent, il coupe, gêné : « C’est vrai... Peut-être un peu aussi. » Ce n’est pas pour rien que le club polonais de Resovia Rzeszów, qui joue dans l’un des championnats les plus relevés au monde, le sollicite début 2018, alors qu’il est encore engagé dans une saison galère en Ligue A avec Toulouse qui accepte de laisser s’envoler sa pépite.
« J’ai le temps »
En tant que joker médical, Chinenyeze rejoint l’Europe de l’est. « Je ne m’attendais pas à ce qu’un tel club me contacte pour aller les aider. Là-bas, c’est presque le sport national. En me baladant dans la rue, on m’a plus souvent reconnu qu’en France ! C’est dingue, les salles sont pleines, il y a 4 000 supporters à chaque match. Les moyens également sont énormes. La France est encore très loin de la Pologne, de la Russie ou de l’Italie. » À 1 500 kilomètres de chez lui, le Français est épaulé par un compatriote, Thibault Rossard, qui est présent à Rzeszów depuis près de trois ans. « La langue n’est pas simple, je n’ai que quelques bases en Polonais. Je n’ai pas pu apprendre plus que ça en deux mois. » Car l’expérience à l’étranger n’est que de courte durée pour celui qui choisit de faire son retour en France quelques semaines plus tard. Et pas dans n’importe quel club : chez le vainqueur de la Ligue des champions 2005 et champion de France en titre. « Tours, c’est le meilleur club français de ces dix dernières années. Je suis venu pour gagner la Coupe (c’est fait), le championnat (c’est bientôt fait) et aller le plus loin possible en Ligue des champions. » Si les Tourangeaux ont gagné la Coupe de France et trônent solidement en tête de la Ligue A, ils ont en revanche été éliminés de la compétition européenne dès la phase de poules. « C’est dommage, je pense qu’il y avait vraiment moyen de faire quelque chose », regrette Chinenyeze. « On s’est un peu loupés, même si on avait une poule relevée (Pérouse, Dinamo Moscou et Arkas Spor, NDLR). » S’il n’a signé qu’un an avec Tours, l’international n’a encore « rien décidé » sur son avenir et ne veut pas encore se projeter sur l’année prochaine. « J’ai le temps encore, je suis jeune et partir à l’étranger pour plusieurs saisons, c’est vraiment une étape. Rester encore une année en France, je ne me l’interdis pas. »
L’Euro en France en ligne de mire
En équipe de France, qu’il côtoie déjà depuis bientôt deux ans, « Babar » s’estime en tout cas bien loin d’être arrivé. « Je suis encore en phase de découverte. J’ai déjà vécu beaucoup de choses avec les Bleus : un Championnat d’Europe (2017), du monde (2018), deux Ligues mondiales (2017, 2018). Mais je ne veux pas m’arrêter là. » Aux côtés des Benjamin Toniutti, Jenia Grebennikov et autres Earvin Ngapeth, il se fait tout petit et démontre une grande humilité. « Il y a des mecs qui sont là depuis plus de dix ans et ils découvrent encore des choses… En tout cas, avec cette équipe-là, c’est vraiment facile de s’intégrer. Ce sont des mecs en or et ça me fait progresser de jouer avec de tels joueurs. » De tels entraîneurs, aussi, pour celui qui est au contact d’un monstre du volley français, Laurent Tillie, en poste depuis 2012 et vainqueur de deux Ligues mondiales (2015, 2017) et d’un Euro (2015). « C’est vraiment celui qu’il nous faut, celui qui peut nous permettre de nous qualifier pour les prochains JO 2020 et de gagner encore des titres. » Comme le prochain Euro, qui se déroulera en France - mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et en Slovénie - l’automne prochain. « J’espère le gagner. J’ai vraiment hâte. L’Euro, c’est le truc que j’attends le plus ! L’année dernière, on avait déjà joué les phases finales de la Ligue mondiale à Lille. On a senti ce parfum de jouer à domicile et on espère que tout le monde va venir nous supporter. Surtout qu’il y a vraiment moyen de faire quelque chose avec l’équipe que l’on a, l’une des meilleures du monde. » Et portée par un gamin qui n’a pas fini de lui faire prendre de l’envergure…
La bio express de Barthélémy Chinenyeze
Paris 2024 en pleine bourre
« Paris 2024, c’est dans longtemps, mais forcément, j’y pense. En plus, ça devrait être les joueurs de ma génération qui y seront. J’aurai 27 ans et c’est là où je serai en pleine possession de mes moyens. Même s’il faut faire attention, on ne sait pas ce qu’il peut se passer d’ici-là : une blessure, une baisse de niveau… En tout cas, ça va être un événement de ouf ! Ce serait un rêve de participer à des Jeux, sachant qu’il y aura déjà eu ceux de 2020. Car tout le monde ne peut pas dire qu’il a participé à des JO et encore moins organisés à la maison ! Que rêver de mieux ? »
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